Cet exemple de projet de mémoire vise à vous donner un aperçu des attentes académiques relatives à la rédaction de ce type d’exercice.
Titre : L’ETIQUE ET LE MANAGEMENT DANS LES EHPAD
Introduction
L’éthique est un mot d’origine philosophique. Elle naquit dans le livre d’Aristote pour son fils intitulé Éthique à Nicomaque. Selon lui, ce mot signifie « la recherche du Bien au sens large » (1). Dans cette conception, elle se porte sur la moralité et la conduite humaine. Le dictionnaire suit cette définition philosophique. Selon le dictionnaire de l’Académie française, l’éthique est une “réflexion relative aux conduites humaines et aux valeurs qui les fondent, menée en vue d’établir une doctrine, une science de la morale.” (2).
Etymologiquement, l’éthique est un dérivé du mot grec qui signifie initialement “l’endroit habité”, puis “le lieu où l’on vit”. Selon Lavorata (2007), l’ethos serait associé, à l’origine, à un comportement qui respecte les mœurs, les normes, la tradition et les lois (1). Le terme est donc comparé à la morale, qui se réfère aux règles de la société (1).
Une distinction du terme avec la morale s’impose. Comte-Sponville (1994), fait la distinction entre la morale et l’éthique. Pour lui, l’éthique concerne le particulier, tandis que la morale est universelle (1). Pour Crane et Matten (2004), cette distinction serait généralement acceptée car elle permet de clarifier les deux conceptions. La morale est composée d’impératifs qui s’appliquent à toute la société et influencent l’éthique (1).
Nonobstant cette distinction, il n’y a pas de consensus en ce qui concerne la définition de l’éthique ou de sa différence avec la morale. Il s’agira dans ce cas de trouver un point clé en relation avec notre recherche. Ainsi, il est important de délimiter le sens du mot éthique.
Elle est moins théorique que pratique (3). Elle peut être considérée comme une forme de « perfectionnisme », une recherche du meilleur moi, l’idée du perfectionnement de soi. Gohier (2020) la présente comme une réflexion sur les fondements de l’agir éthique, et sur la possibilité de hiérarchiser les valeurs morales sans exclure aucun acteur (4).
Le management quant à lui aussi fait l’objet de nombreuses définitions. D’après les travaux de Mouhli (2021), manager consiste à structurer le travail des personnes, à les mobiliser et à les stimuler en définissant des buts et en instaurant des critères de qualité dans une perspective de cohésion d’équipe (5). Il peut être une discipline ou une science (6). Henry Mintzberg décrit cela comme un processus où les individus ayant une responsabilité officielle sur l’ensemble ou une partie de l’organisation tentent de la piloter, ou du moins, d’orienter ses actions (7). Les points de toutes les définitions possibles du management restent les concepts d’organisation et d’homme (6).
Associée l’éthique au management n’est pas un concept nouveaux selon de Bry (8). Historiquement, l’éthique dans le commerce a été influencée par diverses civilisations et philosophies. Par exemple, le Code d’Hammourabi, datant de 2000 av. J.C., visait à moraliser les affaires en réglementant strictement les échanges commerciaux et financiers (8). Plus tard, des philosophes comme Platon et Aristote ont critiqué les pratiques commerciales de leur époque, appelant à une approche plus éthique du commerce (8).
Avec le temps, l’éthique a commencé à jouer un rôle plus important dans le management. Au cours des dernières décennies, l’éthique est devenue une préoccupation majeure pour les entreprises et les organisations (9). Cette tendance a été en partie stimulée par une sensibilisation accrue aux conséquences sociales et environnementales des opérations commerciales, ainsi que par une demande croissante de comportement éthique dans les affaires de la part des parties intéressées, comme les employés, les clients, les investisseurs et le gouvernement.
Dans la doctrine, l’entrée de l’éthique dans le management a fait naître le concept « éthique management » (6, 8, 9). L’éthique managériale peut être comparée à l’éthique médicale, car elle est une forme d’éthique appliquée à la discipline ou à la science de la gestion (6). Elle encourage l’évolution des concepts qui permettent à cette discipline d’atteindre le niveau de gestion éthique. Ainsi, la gestion éthique comprend des méthodes, des principes ou des techniques basées sur un ensemble de valeurs éthiques.
Aujourd’hui, l’éthique est considérée comme un élément essentiel du management. Elle guide la prise de décision, influence la culture organisationnelle, et peut même avoir un impact sur la performance de l’entreprise mais surtout dans les établissements médico-sociales.
Les EHPAD (Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes) sont des structures médico-sociales spécialisées dans la prise en charge de personnes âgées de plus de 60 ans en perte d’autonomie physique et/ou psychique (10). L’amélioration de la qualité de ces établissements est devenue une des préoccupations majeures de la société française.
Une institution dans le domaine de la santé, du social ou du médico-social est principalement une organisation complexe, comme le décrivent Mintzberg et Glouberman (11). Les EHPAD suivent cette description. Elles comprennent une grande variété d’activités dans son champ d’action, se manifestant par des services divers et autonomes et une multitude de professions et de compétences (6). Ils les caractérisent comme comprenant quatre sphères (communauté, contrôle, guérison et soin) qui influencent les comportements et les actions des acteurs avec des références de valeurs qui rendent la coopération et l’interaction difficiles (6). Actuellement, les institutions sanitaires, sociales et médico-sociales sont fortement influencées par des réformes inspirées par le mouvement de la nouvelle gestion publique, qu’il s’agisse de la réforme de leur gouvernance, de leur financement ou du rôle des usagers.
Cependant, la situation actuelle des EHPAD en France est préoccupante. Les trois quarts des EHPAD publics en France sont déficitaires. La Défenseure des droits a souligné que les suites données à ses recommandations de 2021 ne sont « pas à la hauteur des atteintes aux droits dénoncées » (12). Elle a appelé à une « politique nationale ambitieuse » pour améliorer la situation (12). La Défenseure des droits a noté une maltraitance persistante, au “caractère systémique” dans les EHPAD (12). Elle a également souligné le manque de moyens et de personnel au sein des EHPAD (12). Ces faits soulignent la nécessité d’une gestion éthique et efficace.
L’éthique dans les EHPAD a commencé à être formellement reconnue et mise en œuvre au début des années 2000. La loi du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale a marqué un tournant majeur en introduisant une forte dimension axiologique (13). Cette loi a décliné les différentes facettes des droits et libertés individuels qui doivent être garantis à toute personne prise en charge.
Par la suite, la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées a introduit de nouveaux concepts tels que celui de « projet de vie » (13). Ce concept vaut désormais pour l’accompagnement des personnes âgées dépendantes, en vertu de la loi du 28 décembre 2015 relative à l’adaptation de la société au vieillissement (13). Ces valeurs, principes et notions juridiques sont repris dans la Charte des droits et des libertés de la personne accueillie, document qui doit être communiqué à chaque résident et affiché dans les établissements.
Avant l’introduction de l’éthique dans le management des EHPAD, le management était principalement axé sur une logique gestionnaire. Depuis plus de trente ans, les normes de management public ont amené peu à peu les EHPAD à appliquer la même logique gestionnaire qui conduit à exclure tout ce qui fait sens dans le soin. Ce mode de fonctionnement confrontait les salariés à des aberrations. Par exemple, les autorités de tarification fixaient à la minute près le temps que devait passer chaque soignant auprès des patients selon les niveaux de GIR.
Ce mode de fonctionnement a conduit à une situation où les personnels souffraient de l’incapacité de pouvoir traiter dignement les usagers par manque de temps et d’être paradoxalement soumis à l’évaluation permanente de la qualité. Cependant, cette approche a montré ses limites, notamment lors de la crise de la COVID-19, qui a révélé ces dysfonctionnements. C’est pourquoi l’éthique a commencé à être intégrée dans le management des EHPAD, pour améliorer la qualité de vie des résidents et du personnel, et pour rendre le travail en gériatrie visible, appréciable et reconnu dans les indicateurs de type gestionnaire. Il s’agit de mettre en œuvre des pratiques managériales respectueuses des droits et de la dignité des résidents et des professionnels, mais aussi porteuses de sens et source de motivation pour les équipes.
Le processus éthique avance progressivement dans chaque établissement. Cela prend du temps d’expliquer aux gens que les EHPAD sont des lieux de vie et de trouver des solutions. La réflexion éthique est nécessaire pour faire face ensemble aux impasses de l’action, à l’incertitude, à la culpabilité, à l’angoisse, à l’indignation, et à la souffrance. L’intégration de l’éthique dans le management des EHPAD reste un défi, nécessitant un engagement constant et une réflexion approfondie de la part des dirigeants. Le questionnement éthique dans les EHPAD revêt un enjeu important au regard des situations d’interventions professionnelles et de la vulnérabilité des personnes bénéficiant des prestations (13). Il s’agit de trouver un équilibre entre les besoins et les désirs de l’usager et les exigences de l’institution. Il est nécessaire de respecter l’autonomie de l’usager tout en assurant sa protection et en respectant la réglementation. Le respect du secret professionnel et le partage d’informations nécessaires pour le bien-être de l’usager sont deux aspects qui doivent être conciliés. Il faut également trouver un équilibre entre l’intérêt privé de l’usager et l’intérêt collectif de l’institution.
Dans cette recherche, Il s’agira de répondre à la problématique suivante : dans quelle mesure le management éthique convient-il aux EHPAD ? Plusieurs sous-questions font surface.Quels sont les défis éthiques spécifiques rencontrés par les managers d’EHPAD et comment les surmontent-ils ? Comment la mise en œuvre de pratiques de management éthique peut-elle améliorer le bien-être des résidents en EHPAD ? De quelle manière les principes éthiques influencent-ils les décisions de gestion quotidienne dans un EHPAD ? Quel est l’impact du management éthique sur la satisfaction et la rétention du personnel en EHPAD ? Comment les EHPAD peuvent-ils équilibrer les impératifs économiques avec les exigences éthiques de soins aux résidents ?
Plan :
Chapitre 1. Un questionnement
1.1. Identification des défis éthiques dans les EHPAD
1.2. Impact du management éthique sur les résidents et le personnel
Chapitre 2. La problématique
2.1. Analyse de la compatibilité du management éthique avec les objectifs des EHPAD
2.2. Évaluation des pratiques de management éthique existantes
Chapitre 3. Méthodologie
3.1. Étude de cas : Sélection d’EHPAD pour l’analyse
3.2. Méthodes de collecte de données : Entretiens, observations, questionnaires
Chapitre 4. Des questions de recherche
4.1. Exploration détaillée des sous-questions
4.2. Cadre d’analyse pour chaque sous-question
Chapitre 5. Un cadre théorique
5.1. Revue de littérature sur le management éthique
5.2. Théories pertinentes au contexte des EHPAD
Chapitre 6. Analyse et recommandation
6.1. Traitement et interprétation des données : Réponses aux questions de recherche
6.2. Recommandations
Conclusion
– Synthèse des principaux résultats
– Limites de l’étude
– Perspectives pour des recherches futures
Bibliographie
- Lavorata Laure et Maquart Angélique. Ethique clinique et éthique organisationnelle dans les organisations de santé : une étude des dilemmes éthiques des cadres de santé. AGR. 2022/1 (N° 42):138-115.
- éthique | Dictionnaire de l’Académie française | 9e édition. https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9E2876.
- Qu’est-ce que l’éthique ? | Cairn.info. https://www.cairn.info/revue-cites-2001-1-page-129.htm.
- HADOT Pierre, LAUGIER Sandra, DAVIDSON Arnold, « Qu’est-ce que l’éthique ? », Cités, 2001/1 (n° 5), p. 129-138. DOI : 10.3917/cite.005.0127. URL : https://www.cairn.info/revue-cites-2001-1-page-129.htm
- MOUHLI Karim, « Fiche 1. Introduction au management », dans : , DCG 7 – Le management. sous la direction de MOUHLI Karim. Paris, Ellipses, « Le DCG en fiches et en schémas », 2021, p. 4-17. URL :https://www.cairn.info/dcg-7-le-management–9782340058491-page-4.htm
- BRéHAUX Karine, « Le management éthique ? », Les Tribunes de la santé, 2015/4 (n° 49), p. 77-89. DOI : 10.3917/seve.049.0077. URL : https://www.cairn.info/revue-les-tribunes-de-la-sante1-2015-4-page-77.htm
- H. Mintzberg, Le management : voyage au centre des organisations, Éditions d’Organisations,
2004, p. 256. Tiré dans (6). - DE BRY Françoise, « Concept d’éthique l’éthique au cœur du management », Management & Avenir, 2008/6 (n° 20), p. 102-114. DOI : 10.3917/mav.020.0102. URL : https://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2008-6-page-102.htm
- LAURIER Corinne, « Chapitre 4. L’éthique managériale », dans : , Manager avec l’analyse transactionnelle. Osez votre style managérial , sous la direction de LAURIER Corinne. Paris, Dunod, « Management / Leadership », 2017, p. 59-68. URL : https://www.cairn.info/manager-avec-l-analyse-transactionnelle–9782100758036-page-59.htm
- SABOUNE Khaled, MONTARGOT Nathalie, PUIG Elodie, « Contribution à l’étude de la perception de la performance sociale en EHPAD », Question(s) de management, 2018/1 (n° 20), p. 59-70. DOI : 10.3917/qdm.181.0059. URL : https://www.cairn.info/revue-questions-de-management-2018-1-page-59.htm
- H. Mintzberg, S. Glouberman, « Managing the care of health and
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- Le questionnement éthique dans les établissements et services sociaux. https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2018-03/reco_ethique_anesm.pdf.