L'enquête de terrain pour votre mémoire : Définition, méthodes, conseils et exemple

Cet exemple de partie empirique de mémoire vise à vous donner un aperçu des attentes méthodologiques relatives à cette partie cruciale de votre mémoire. En effet, la partie empirique constitue le cœur de votre valeur ajoutée et repose sur des observations terrain qui vous permettront de confirmer ou d’infirmer vos hypothèses de départ, et in fine de répondre à votre problématique.

3.1Méthodologie

3.1.1Étude qualitative

Compte tenu du caractère exploratoire des choix d’investissements personnels, une étude qualitative nous semble être la plus adaptée pour mener ce travail. En effet, pour comprendre l’influence de la structure sur les décisions et choix d’investissement personnel, nous jugeons important d’analyser et de comprendre les phénomènes sur la base d’expériences et de point de vue d’un échantillon de personnes. Notre objectif n’est pas de généraliser les résultats, mais de faire une analyse exploratoire du phénomène.

La démarche qualitative consiste à se rendre sur le terrain pour mener directement des interviews auprès d’un échantillon donné. Dans ce travail, cet échantillon se compose de Français qui effectuent des investissements personnels.

Selon Youness, Achhab E. (2019), la recherche qualitative permet au chercheur d’analyser le comportement d’une population, et donc dans le cadre de ce travail, de la manière dont les Français choisissent leur investissement personnel en fonction de l’ampleur de l’entreprise dans laquelle ils travaillent.

L’expression « méthode qualitative porte généralement sur différents types de techniques interprétatives dont l’objectif est de décrire, de décoder, de traduire et généralement de percer le sens et non la fréquence de certains phénomènes » (Coutelle, 2005). Cet auteur considère également la méthode qualitative comme « une démarche discursive de reformulation, d’explicitation ou de théorisation d’un témoignage, d’une expérience ou d’un phénomène » (Coutelle, 2005). Elle est multidimensionnelle et elle est utilisée pour étudier les phénomènes dans leur cadre naturel avec l’utilisation des entretiens, analyse d’archives, observations et enquêtes dans l’optique d’interpréter les phénomènes en termes de sens fournis par les acteurs (Denzin & Lincoln 2005 ; Guba & Lincoln 1994). La méthode qualitative est également destinée à décrire et à expliquer les relations entre les données sous forme de mots et pas nécessairement sous forme de chiffres ce qui en fait, une démarche plus subjective par rapport à une étude quantitative.

Hlady Rispal (2002) met en évidence deux logiques dans le cadre d’une étude qualitative : déductive et inductive. La première consiste à affirmer ou à contester un modèle théorique à travers une méthode de comparaison avec des données tirées d’un échantillon alors que la seconde est destinée à la construction d’une théorie sur la base d’observations et d’études de l’objet de la recherche ou encore des pratiques des acteurs (Youness, Achhab E. (2019). C’est cette seconde logique qui nous intéresse dans le cadre de ce travail de recherche.

Dans ce contexte, l’approche est plutôt contextuelle, car l’objectif est de chercher à saisir les phénomènes se rapportant au contexte, d’amener les informateurs à produire un discours spontané sur leurs pratiques et leurs stratégies d’investissement personnel. Cette approche nécessite une écoute attentive et permet la co-construction des représentations dans l’interaction entre les interviewés et le chercheur. L’étude qualitative consiste donc en une analyse active des phénomènes représentationnels et nécessite une adaptation des postures durant les entretiens (Denzin & Lincoln 2005 ; Guba & Lincoln 1994).

3.1.2Entretiens semi-directifs

En adoptant une approche qualitative, nous avons opté pour l’utilisation d’entretiens semi-directifs. L’entretien semi-directif est aussi appelé « centré » (Merton et al., 1990) et nécessite l’établissement d’un guide d’entretien qui peut être adapté au cours des entretiens. Cette forme d’entretien a comme particularité de permettre aux personnes interviewées d’avoir davantage de liberté de réponse que dans un entretien purement directif. Il n’en reste pas moins que l’interviewé soit au minimum cadré.

Ainsi, des entretiens de type semi-directif à̀ visée compréhensive sont choisis, car c’est l’outil le plus adapté à notre étude en comparaison aux entretiens directifs qui ne permet pas nécessairement d’avoir des données riches en information (Juan, 1999). Par opposition à̀ la directivité, « la non-directivité est l’attitude de l’enquêteur visant à̀ faciliter chez l’enquêté l’auto-exploration de ses opinions, sentiments et comportements » (Freyssinet-Dominjon, 1997, p.148).

À travers les entretiens semi-directifs, il nous serait également possible de mettre en évidence des points communs ou des particularités pour chaque personne interviewée. Dans ce contexte, une analyse « thématique » sera mobilisée et les résultats seront mis en lien avec la littérature. Il s’agit donc de rechercher la richesse du contenu, sa profondeur, sa qualité et sa diversité en travaillant avec un échantillon de taille réduite qui ne répond pas forcément à un objectif de représentativité, mais plutôt à des critères de pertinence vis-à-vis du problème étudié. La constitution des thèmes suppose donc que le chercheur a connaissance au moins ou en partie du type d’informations qu’il souhaite récolter. L’objectif consiste alors à introduire chaque thème par une question d’ordre générale qui incitera la personne interrogée à aller en profondeur (Demers, 2002).

3.1.3Échantillon

Le guide d’entretien est destiné à un échantillon de personnes (des particuliers) qui font le choix d’investissements personnels pour enrichir leur patrimoine. Pour pouvoir étudier différentes situations et différents facteurs pouvant influencer les choix d’investissement, nous nous intéresserons à des personnes travaillant dans des entreprises de taille et de secteur différents.

Les personnes concernées sont celles âgées 45 à 55 ans, car c’est à partir de cet âge que les plans retraites commencent à être critique. D’après (Champsaur et al., 1999), ces personnes, notamment celles âgées de plus de 50 ans, seront directement concernées par la retraite d’ici les 10 années à venir. Durant cet âge, les individus passent progressivement par le retrait de la vie productive. Également, c’est à partir de l’âge de 45 ans qu’il devient crucial de concrétiser ses projets d’avenir. Ces personnes sont déjà aussi passées par différentes situations et leurs expériences pourraient nous aider à mieux comprendre les choix d’investissement et les facteurs influençant.

Nous appréhenderons donc les projets et les risques encourus par cette catégorie de personnes dans le cadre de leur projet d’investissement personnel. Selon les études menées par Alaphilippe, D., Gana, K. & Bailly, N. (2001), les personnes âgées entre 45 et 55 ans sont plus préoccupées par leur plan de retraite, car elles commencent à appréhender certaines difficultés qu’elles pourront rencontrées durant leur retraite : diminution de la capacité physique, maladie, etc. Selon Tourdjman, A. & Benoist-Lucy, Y. (2006), les seniors (à partir de 45 ans), en raison de ruptures futures ou récentes (cessation de l’activité professionnelle, départ des enfants du foyer, arrivée des petits-enfants, etc.) ont des besoins différents qui influencent leurs arbitrages patrimoniaux. Par conséquent, leurs pratiques financières peuvent être contrastées. C’est pour cela qu’il est important de mettre en évidence les facteurs qui peuvent influencer leur choix d’investissement. Tourdjman, A. & Benoist-Lucy, Y. (2006) soutiennent également que les personnes de cet âge effectuent des épargnes très soutenues et ont l’habitude de réorienter leur patrimoine vers des actifs plus financiers.

Par conséquent, elles se montrent beaucoup plus prudentes face aux projets d’investissement qu’elles souhaitent entamer.

Par ailleurs, notre échantillon se compose essentiellement de personnes de nationalité française, car notre étude porte sur les plans de retraite français.

  • Questionnaire pour l’étude qualitative
  • Quel et le secteur d’activité de votre entreprise et quelle est sa taille ?
  • Quelle est votre fonction au sein de cette entreprise et votre ancienneté?
  • Quel est l’effectif de votre entreprise et son chiffre d’affaires ?
  • Quel type d’investissement personnel effectuez-vous ?
  • Comment évaluez-vous votre connaissance financière ?
  • Votre investissement s’inscrit-il sur le long terme ?
  • Quel est votre objectif d’investissement ?
  • Qu’est-ce qui vous a poussé à choisir ce type d’investissement ?
  • La taille de votre entreprise a-t-elle eu une influence sur votre choix ?
  • Votre fonction au sein de l’entreprise a-t-elle influencé votre investissement ?
  • Qu’en est-il de l’analyse des risques ?
  • Avez-vous des besoins d’information et d’accompagnement ?

3.2Les résultats

Pour évaluer mettre en évidence les facteurs qui influencent le choix d’investissement pour la retraite des Français, nous avons interrogé 10 personnes travaillant au sein de secteurs et d’entreprises différentes.

Tableau 1 : À propos des personnes interviewées

InterviewésNomAgeFonctionCatégorie socioprofessionnelleTaille de la structure
1Séverine A/Fonctionnaire de l’éducation nationale.Classe CPas de réponse
2Florence R.45Psychologue dans l’éducation nationaleCadrePetite entreprise
3Mr Poisson/Directeur pour une société de biotechnologie américaine.CadreGrande entreprise
4Aude L./Commerciale chez Normandie emballagesCadrePetite entreprise
5Thierry M./Chargé de formationAgent de maîtrisePas de réponse
6Paul V./SEOCadreGrande entreprise
7Elina. P56Assistante commercialeEmployéePetite entreprise
8José D.S.52Maitrise d’atelierAgent de maitriseGrande entreprise
9Louis R./Administrateur à l’Assemblée nationale à parisCadrePas de réponse
10Marine P.27En CDI chez le groupe LVMHEmployéGrande entreprise

Normalement, notre échantillon de se compose de personnes âgées de 45 à 55 ans, mais une personne âgée de 27 ans a voulu participé à notre recherche. Cette exception nous permet d’avoir une idée sur la manière dont les plus jeunes considèrent la préparation de leur retraite et la manière dont ils vont choisir leur plan d’investissement.

  • La taille de l’entreprise n’impacte pas forcément le choix d’investissement personnel des Français

Tableau 2 : Impacts de la taille de la structure sur le choix de l’entreprise et sur les perspectives d’investissement

InterviewésImportance de la structure lors de la recherche de travailInfluence de la taille de la structure sur les perspectives d’investissement
1Oui au débutPas d’influence
2Pas d’importance dans le domaine de l’éducationPas d’influence
3Pas forcément un vrai critèrePas d’influence du tout
4Pas d’importancePas d’influence du tout
5Pas d’importancePas de réponse
6Très importanteOui tout à fait
7Oui au débutPas d’influence du tout
8OuiPas d’influence
9Pas forcémentPas d’influence
10Pas forcémentOui tout à fait

Selon les entretiens menés, l’importance de la structure n’a pas réellement d’importance dans la recherche de travail. Si c’est le cas, c’est juste au début, mais au final, c’est le fait d’être embauché qui compte réellement. Toutefois, le fait de travailler dans une grande structure est considéré comme un privilège pour la majorité. Cela est prouvé par les réponses de la majorité des personnes ayant participé aux entretiens.

« Une grande structure était synonyme d’avoir la possibilité d’évoluer dans sa carrière, mais aussi de pouvoir changer de poste en interne. À vrai dire, je le pense toujours ! » (Verbatim inter.1)

« Dans l’éducation nationale, on ne choisit pas les structures et bien souvent la taille ne varie pas. Le système hiérarchique est souvent le même ». (Verbatim inter.2)

« Alors, je ne pense pas que la taille soit un vrai critère. En revanche évidemment je veux travailler au sein de grands groupes, là où ça bouge et/ou un rayonnement international est possible. Je suis motivé par les grosses missions, donc je sais qu’une start-up ne me conviendrait pas du tout par exemple. Tout compte fait, je n’ai jamais recherché l’effectif de mes employeurs avant d’intégrer les groupes, je ne pense pas que ça faisait partie de mes motivations à accepter le poste ». (Verbatim inter.3)

« Pour être tout à fait honnête, pas du tout. Ce n’est pas un milieu qui m’intéressait au début de ma carrière et mes perspectives d’emploi ont évolué sans que je me soucie d’investir… le choix de mon entreprise a toujours été strictement par intérêt professionnel ». (Verbatim inter.3)

« Je pense que la taille de l’entreprise n’influence pas ma rechercheJe préfère travailler dans une entreprise stable sur le marché, qui va m’apporter une bonne sécurité financière, plutôt qu’une entreprise énorme, mais qui est en train de couler ». (Verbatim inter.5)

« Au début de ma carrière, je cherchais plutôt du travail dans des grosses structures, pour nourrir mon CV. Au fur et à mesure de l’avancée dans la vie, les besoins évoluent et les critères de recherches changent. L’aspect salaire et perspectives d’évolution sont plus importants quand vous avez un crédit à rembourser. Ensuite c’est l’intérêt du poste et les conditions de travail qui prédominent ». (Verbatim inter.7)

« Je pense que le critère qui vient en premier et surtout à l’époque quand je commençais dans le monde professionnel était le niveau international de l’entreprise. Je n’ai jamais voulu me limiter aux marchés français et je savais qu’une entreprise internationale m’offrirait plus de perspectives de progression, etc. » (Verbatim inter.8)

Il est tout de même constaté que la taille de la structure est importante pour certains salariés, notamment pour ceux qui pensent à une plus grande évolution de leur carrière. C’est par exemple le cas de notre interviewé 6

« Très importante, j’adore les grosses boites : je trouve que ça bouge plus, il y a plus de perspectives d’évolution, on n’est pas bloqué lorsqu’on lance des projets… je suis vraiment attentif à la taille de l’entreprise. Mais principalement pour des raisons humaines je pense ». (Verbatim inter.6)

Également, notre interviewé travaillant au sein du groupe LVMH déclare avoir été influencé par la structure dans sa recherche d’emploi.

« Oui bien sûr ! LVMH permet à ses employés d’investir dans de nombreuses actions et c’est un groupe qui en possède énormément ! Donc c’était clairement réfléchi pour ma part » (Verbatim inter.10)

Par ailleurs, il est aussi constaté que la taille de l’entreprise n’influence pas forcément les perspectives d’investissement des salariés. En effet, en intégrant une entreprise, les salariés ne pensent pas tout de suite à leurs investissements personnels.

« Non pas du tout je ne pense pas que cela puisse m’influencer ». (Verbatim inter.1)

« Oui tout à fait, au départ c’était motivant pour le salaire, mais après j’ai tout de suite voulu investir dans ma boîte, car j’avais eu beaucoup d’échos de collègues et c’était presque toujours positif. Donc j’ai voulu me lancer à mon tour là-dedans ! ». (Verbatim inter.6)

« Je n’ai pas pensé une seconde à l’investissement en intégrant cette structure. Et je ne sais même pas si cette idée m’a déjà traversé l’esprit ! À l’époque les postes à pourvoir n’étaient pas si nombreux et c’étaient plutôt les perspectives d’évolution salariale qui étaient un critère ». (Verbatim inter.7)

« À l’époque, je n’étais pas forcément familier avec ce milieu et du coup j’étais plus à la recherche d’un emploi stable qui me garantirait un certain confort de vie pour le futur. L’investissement, c’est un milieu que j’ai découvert après avoir intégré l’entreprise ». (Verbatim inter.8)

En tout, nous pouvons dire que très peu de salariés choisissent une entreprise en fonction de sa taille. Bien que cela soit un critère important, cela ne compte pas forcément lorsque l’on est embauché.

  • Rapport à la l’argent plus ou moins identique

Tableau 3 : Rapport à l’argent et influence de l’entreprise sur cela

InterviewésRapport à l’argentInfluence de l’entreprise sur le rapport à l’argent
1Je fais attention et je me fais plaisirPas d’influence
2Je suis économePas d’influence
3C’est mieux d’être à l’aise financièrementNon je ne pense pas
4Je suis économeNon, jamais.
5L’argent n’est qu’un support de la richesseBeaucoup d’influence
6J’adore l’argent, ça prend beaucoup de place dans ma vie,Beaucoup d’influence
7Ce n’est pas une finalité en soiOui, il y a eu une influence
8C’est un moyen qui doit me permettre de vivre confortablement.Beaucoup d’influence
9Je suis économe et je suis en train de me construire un patrimoinePas d’influence
10j’adore l’argentOui, il y a eu une influence

La majorité des personnes interviewées dans le cadre de la réalisation de ce travail déclarent être très prudente concernant l’argent. En effet, presque la totalité est économe et effectue des épargnes.

Par ailleurs, en ce qui concerne l’influence de l’entreprise sur le rapport à l’argent, les réponses sont mitigées, car la moitié déclare que cela n’a aucun rapport et la moitié affirme le contraire.

« Non l’important pour moi était d’avoir un salaire, mais avec des horaires convenables pour ma vie de famille. C’est aussi pour cette raison que j’ai décidé d’avoir une reconversion professionnelle au bout d’une dizaine d’années et de transitionner vers un poste de fonctionnaire, qui me garantissait une plus grande sécurité au travail ». (Verbatim inter.1)

« On ne choisit pas notre salaire et il évolue en fonction de notre ancienneté donc ce n’était pas un choix financier que de choisir de travailler dans ce domaine ». (Verbatim inter.2)

« Peut-être que ça peut influencer le mode de vie, mais je ne l’ai pas ressenti comme ça en tout cas ». (Verbatim inter.3)

« Non, jamais. Le salaire à l’inverse, influence mon mode de vie bien évidemment ». (Verbatim inter.4)

« Les établissements où j’ai travaillé ont très clairement influencé mon rapport avec l’argent grâce à une visibilité, due au statut, et à des avantages en nature, limitant ma consommation, et me permettant d’investir. L’investissement est, pour moi, un effort à donner, permettant de récupérer plus, avec le temps. L’investissement n’est pas seulement financier, c’est une forme de production ». (Verbatim inter.5)

« Les entreprises pour lesquelles j’ai travaillé ont forcément eu un impact sur mon rapport à l’argent, mais pas de façon directe. Un salaire confortable permet de moins compter tous les jours et de s’autoriser des écarts. J’ai eu la chance de commencer dans une société financière donc de « gestion » qui proposait à son personnel des produits financiers : plan d’épargne entreprise avec abondement de l’employeur ». (Verbatim inter.7)

« Alors oui bien sûr. Et c’était un impact positif. Car grâce à mon salaire j’ai pu commencer à réaliser des placements et donc, d’investir et de gagner plus d’argent ». (Verbatim inter.8)

Les réponses obtenues ont permis de constater que c’est surtout l’évolution professionnelle et le secteur d’activité de l’entreprise qui influencent le plus le rapport à l’argent des salariés.

« J’ai toujours travaillé dans le milieu du luxe et les tentations sont très grandes ! Avoir accès à ce monde de paillettes m’a pas mal influencée sur mon envie de vivre ça au quotidien. Évidemment, le salaire au-delà de la moyenne nationale m’a impactée par rapport à mon niveau de vie, quand je comparais avec mes amies qui occupaient des postes similaires par exemple. Difficile de repartir en arrière après ! ». (Verbatim inter.10)

  • Investissements, des objectifs presque identiques : se construire un patrimoine

Tableau 4 : Considération de l’investissement et les raisons de le faire

InterviewésInvestissementCe qui pousse à investir
1Une sécurité financière pour l’avenirPour avoir une sécurité financière à l’avenir
2Un moyen de gagner de l’argent d’une manière différente que le salaire mensuelSécurité, financement des études des enfants
3Un moyen relativement accessible de constituer un capitalSe constituer un capital et pour payer moins d’impôts
4Placer de l’argent dans le but d’en gagner davantagePas de réponse
5Obligatoire pour maintenir son patrimoineUn choix de vie que de vouloir augmenter la valeur de son patrimoine
6Un moyen de s’accomplir, mais aussi de se divertir / une manière honnête de faire fructifier son capitalPour donner du sens à mon salaire, sentir qu’il est bien utilisé
7Un moyen de se constituer ou de renforcer son patrimoine pour assurer un niveau de vie et transmettrePour se constituer ou de renforcer son patrimoine
8Pour gagner plus d’argent et augmenter son capitalPour développer et enrichir son capital
9Une manière d’épargner son argent de manière intelligenteJe suis l’exemple de mon père
10Une méthode pour gagner plus d’argentPour acheter un appartement à ma mère.

Les interviews nous montrent que l’investissement est communément considéré comme un moyen d’augmenter son capital et son patrimoine afin de gagner plus d’argent.

« Ça rapporte de manière régulière. Aujourd’hui, j’ai investi dans 4 appartements pour pouvoir prévoir le financement plus tard des études de mes enfants. J’ai aussi investi dans ma résidence principale en la rénovant et en y ajoutant des agrandissements, dans la perspective de la vendre plus tard. Ça pourrait par exemple m’aider pendant ma retraite, surtout si je décide de partir plus tôt que l’âge requis ». (Verbatim inter.2)

La principale motivation étant alors d’avoir une plus grande sécurité financière et une vie meilleure. Toutefois, dans des cas assez rares, les investissements sont uniquement d’ordre personnel, comme c’est le cas de notre dernière interviewée qui souhaite achetée un appartement à sa mère.

Tableau 5 : Ce qui a poussé à investir malgré l’existence d’un plan de retraite

InterviewésRaisons de l’investissementDébut
1Le système de retraite a ses limitesPas encore pu ou voulu commencer
2Pour avoir un pouvoir d’achat plus important et aider financièrement mes enfants et mes petits-enfantsvers 30 ans
3
35 ans
4Pour avoir plus d’argent pour la retraite pour les petits extras55 ans
5baisse significative du revenu de pension de retraiteDès le 1er salaire
6Pour se prémunir de tous types de risques22 ans
7Le système des retraites est fragile, il est fondé sur la redistribution.20-25 ans
8Pour avoir le libre arbitre sur ma vie et mon futur23 ans
9Je ne veux pas me limiter à ma retraite plus tard25 ans
10Raisons personnelles18 ans

Lorsque nous avons demandé aux interviewés les raisons qui les poussent à investir malgré l’existence d’un plan de retraite, nous avons obtenu à peu près les mêmes réponses. En effet, la majorité des salariés considèrent que les pensions à la retraite ne sont pas suffisantes pour leur permettre de vivre convenablement lors de leur retraite ni de réaliser leur projet personnel comme l’achat de maison, le financement des études de leurs enfants, etc.

« Je n’investis pas pour le moment, mais j’aimerais, car le système de retraite montre clairement ses limites et l’âge de départ ne cesse de rallonger. Par exemple, c’est un sujet d’actualité avec les élections qui approchent ! Je ne veux pas partir à la retraite en avance et rater des trimestres par exemple. Donc je pense que j’irai à la retraite à 65 ou 70 ans minimum et ça ne me plaît pas forcément, mais je n’ai pas le choix ». (Verbatim inter.1)

« L’investissement financier, en prévision de la retraite, est nécessaire de nombreuses raisons. Je pourrais citer la baisse significative du revenu de pension de retraite, la baisse constante de la valeur de cette pension, due à l’inflation, les besoins spécifiques dus à la maladie, la dépendance, le confort et finalement peut-être aussi la transmission familiale de patrimoine ». (Verbatim inter.5)

« Mon salaire n’étant pas très élevé, le montant de l’épargne ne pouvait donc pas l’être, aussi pour avoir un petit pécule, il était préférable de commencer très tôt. L’objectif est simple, si on veut se constituer pendant la retraite un revenu complémentaire de 9 / 10 k€ par année, il faudrait épargner en gros 400 euros par mois pendant sa vie d’actif. Moi je ne pouvais pas amputer mes revenus d’une telle somme, c’est plus facile de mettre de côté un peu tous les mois. Surtout qu’il y avait déjà le crédit de la maison, les factures à payer et mettre aussi de côté pour le court et moyen termes – études des enfants, accidents de la vie…. ». (Verbatim inter.7)

« Je préfère avoir le libre arbitre sur ma vie et mon futur. Préparer ma retraite c’est très important pour moi. Du coup je souhaitais anticiper la future diminution de mes revenus vis-à-vis de mon activité professionnelle. En vieillissant, je compte travailler moins qu’à présent bien sûr. Et puis cela me donne également la possibilité de contrôler et maîtriser mon niveau de vie lorsque je serais à la retraite ». (Verbatim inter.8)

« Je ne veux pas me limiter à ma retraite plus tard. Si j’ai des enfants, il faudra leur payer des études, si je veux m’acheter une maison, il me faudra un apport… Pour moi investir ne se limite pas qu’à ma retraite future ». (Verbatim inter.9)

« Le fait d’avoir un emploi stable pour les prochaines années de ma vie et de bénéficier d’un logement gratuit en ce moment. En somme, mon salaire n’est qu’un bonus à la fin du mois, car je n’ai presque pas de charges donc je peux l’investir totalement et c’est un luxe ». (Verbatim inter.9)

Toutefois, notre interviewée auprès du groupe LVMH ne pense pas à faire des investissements, car elle est sûre que le groupe lui garantit une retraite confortable.

« Je n’investis pas pour ma retraite, car je sais que le système de retraite de LVMH me garantit une retraite confortable !…. Clairement, l’envie de vivre ma vie à 100 % et de pouvoir offrir à ma mère ce dont elle avait toujours rêvé. Je ne compte pas avoir d’enfants, donc mon argent actuel m’appartient totalement et je l’investis pour moi ! Et puis évidemment pour les petits imprévus de la vie. » (Verbatim inter.10)

Le cas de cette dernière interviewée nous pousse à penser ce n’est pas vraiment la taille des entreprises qui influencent le choix d’investir ou non chez les salariés, mais plutôt les plans retraites proposés par les entreprises. Toutefois, il faut noter que cela dépend toujours de la capacité financière de l’entreprise et donc sa taille. Par ailleurs, il est possible de dire que ce ne sont pas toutes les grandes entreprises qui offrent des pensions de retraite et des plans de retraites satisfaisants pour les salariés.

Par ailleurs, nous remarquons aussi que la plupart des salariés français commencent leur investissement très jeune. Cela peut s’expliquer de deux manières différentes : pour se challenger et pour avoir le maximum de bénéfice une fois l’âge de retraite atteint.

22 ans, dans des petites actions, c’était principalement pour le challenge. On va dire que j’avais encore le luxe de pouvoir me tromper. Échouer pour mieux réussir ». (Verbatim inter.6)

Tableau 6 : Montant et la composition de votre patrimoine aujourd’hui en termes de classes d’actifs ?

InterviewésPatrimoineLes raisons de la répartition
1Pas de patrimoinesUn assemblage de bon sens et raisonnable
2Immobilier (une résidence principale) et économie/
3Immobilier, PEE et Plan Action entrepriseChoix pour l’immobilier et en fonction des occasions qui se sont présentées pour les autres
4ImmobilierL’immobilier est le plus sûr
5Immobilier / Or, placements financiers / pierre et papier/
6Actions (77 %), immobilier (30%)/
7Immobilier, assurance vie, comptes épargnesCourt / moyen et long terme
8Action, Perco, assurance vie, immobilier (le plus important)/
9Actions/
10Comptes épargnesAucune autre occasion ne s’est pas encore présentée

La presque totalité des salariés interviewés font des placements en immobilier, notamment par la fait que c’est le moyen le plus sûr de sécuriser les investissements.

« J’habite à Paris. Investir dans l’immobilier dans cette ville, notamment parce que c’est une capitale, c’est une quasi-garantie de revenus constants. Les biens prennent de la valeur tous les ans et deviennent de plus en plus rares. L’investissement augmente tout seul année après année donc c’était une évidence pour moi. Pour les autres investissements, ce sont des occasions qui se sont présentées à moi et je me suis lancé ». (Verbatim inter.3)

« Partie pour répondre : je ne veux pas dépendre de la bourse ni alimenter le système des dividendes. Donc l’immobilier c’était la meilleure solution, la plus simple et la plus sûre ». (Verbatim inter.4)

Par ailleurs, certains salariés effectuent des épargnes et achètent des actions. Ce typesde composition (avec les actions) est souvent effectué par les salariés qui aiment prendre un certain niveau de risque dans leurs investissements.

« 70% actions et 30% immobilier. Je pense que c’est une répartition un peu moins conventionnelle, les gens ont souvent tendance à rester dans l’immobilier, mais j’avais en vie de jouer le jeu ». (Verbatim inter.6)

Par ailleurs, la composition du patrimoine est aussi motivée par la fréquence et la durée des investissements qui peut s’étaler sur le court, le moyen et le long terme, comme c’est le cas de notre interviewé 7.

« Court / moyen et long terme, du plus au moins liquide et du plus au moins risqué. Quand je place 1 sou : il faut que je récupère ce sou en plus des intérêts. Il est vrai que ce choix est souvent moins rémunérateur, mais j’ai eu du mal à les gagner donc je ne souhaite prendre aucun risque à les perdre. Le gros du patrimoine est donc au plus sécurisé : la pierre, l’or aussi est une valeur refuge, mais plus taxée à la revente. L’aspect « liquide » est aussi important, aujourd’hui je peux débloquer des fonds de l’assurance vie sans pénalité, car placé depuis + de 8 ans, il faut prendre ça en compte pour l’aspect liquide. Donc tu l’as compris, c’est en premier lieu la sécurité du placement qui me pousse à investir et, selon la période de sa vie, la liquidité à court, moyen et long terme ».  (Verbatim inter.7)

En outre, certains salariés ne disposent que d’actions pour le moment. Les placements en immobiliers sont des projets futurs et attendent que des opportunités se présentent.

« Je ne possède qu’un patrimoine d’actions pour le moment, à hauteur de 50 000. Je compte investir dans l’immobilier à la rentrée prochaine, en septembre 2022 ». (Verbatim inter.9)

« Je n’ai pas encore eu l’occasion de trouver la perle immobilière qui me donnera envie de passer le cap. Et je suis arrivée en CDI depuis trop peu de temps pour avoir déjà accès aux actions LVMH. Je compte bien investir dedans dès que j’y serais autorisée ». (Verbatim inter.10)

Tableau 7 : Les facteurs influençant les choix d’investissement

InterviewésRéponses
1Importance des charges diverses
2L’emplacement et la rentabilité du bien (+expériences des entourages)
3Besoins prioritaires et de l’apport
4Une opportunité à saisir
5Fiabilité du placement et la performance
6En fonction des avis des collègues
7Culture bancaire, le montant des impôts
8En fonction de mes enfants et de leurs besoins
9Documentation, conseil des proches
10Réflexion avec ma mère

En ce qui concerne les facteurs qui influencent les décisions d’investissements des salariés, les réponses sont variées. Pour certaines, l’avis des proches et des collègues sont importants, notamment ceux des personnes qui ont déjà de l’expérience dans le domaine. D’autres se fient uniquement à leur propre réflexion et à leur connaissance et culture financière pour évaluer la fiabilité et la performance des investissements ainsi que de la rentabilité. Par ailleurs, il y en a qui choisissent certains types de placement en fonction de leurs besoins et projets personnels.

« Si j’investissais, ce serait dans un bien immobilier pour ma résidence principale. Je me poserais la question de savoir si je peux supporter les charges diverses liées à cet achat immobilier. Je pense que ce n’est pas une décision à prendre à la légère, surtout par exemple quand on achète avec quelqu’un d’autre…ça demande beaucoup de réflexion. Je me rapprocherai probablement de ma banque, de témoignages sur internet…pour me faire ma propre idée ». (Verbatim inter.1)

Tableau 8 : Intervention de tierces personnes dans la prise de décision lors des choix d’investissement

InterviewésRéponses
1Oui totalement
2J’écoute les avis et prends les décisions seul
3Non
4En couple
5Culture et conseiller
6Oui, les collègues
7Sur conseils de la famille, du banquier et conseillers patrimoniaux depuis 2015
8Non
9Oui
10Oui

Par conséquent, seuls deux des 10 personnes interviewées déclarent ne pas faire appel à l’intervention de tierces personnes dans la prise de décision lors des choix d’investissement, en justifiant qu’ils investissent leur propre argent donc ils doivent prendre les décisions seuls. D’autres par ailleurs font intervenir soit leur conjoint, des proches ou des conseillers patrimoniaux. Les conseillers patrimoniaux deviennent importants lorsque les investissements deviennent plus conséquents.

« Oui totalement. J’écoute les collègues et des amis qui me prodiguent des conseils du fait de leur expérience. Certains ont déjà beaucoup investi et ont gagné de l’argent. Si je devais investir, je me servirais de leurs conseils à 100%. Je pense que c’est irresponsable de se lancer là-dedans sans expérience et sans demander conseils. Ça ne coûte rien et ça peut rapporter beaucoup ! » (Verbatim inter.1)

« Non, c’est mon argent donc j’en fait ce que je veux ! Si j’ai des doutes, il peut m’arriver de chercher des infos, mais c’est très rare ». (Verbatim inter.3)

« Les décisions sont alimentées par une culture générale, de la prudence, et un conseiller patrimonial en supports technique ». (Verbatim inter.5)

« Depuis 2015, le patrimoine ayant augmenté de façon considérable à la suite d’un héritage, nous consultons des conseillers patrimoniaux ». (Verbatim inter.7)

Figure 1 : Actionnariat salarial au sein de l’entreprise

Enfin, la majorité des salariés français déclarent que leur entreprise ne propose pas l’actionnariat salarial. Ce qui leur pousse à faire des investissements en externe.

Toutefois, certaines entreprises en proposent, mais cela n’empêche pas les salariés de faire d’autre placements, notamment dans l’immobilier.

« Oui, nous pouvons recevoir une partir du CA réparti sur nos salaires en fonction de nos performances, on peut investir au sein de l’entreprise, etc.. grâce à ma position au sein de l’entreprise. Je crois que le montant actuel tourne autour de 120 000€, ce qui représente à peu près 16% de mon capital ». (Verbatim inter.8)

Conclusion

Savoir quand être financièrement prêt pour la retraite n’est plus aussi clair qu’avant. Auparavant, les employés qui participaient à un régime de retraite à prestations déterminées traditionnel savaient exactement combien de revenus de retraite à vie ils auraient bien avant de prendre la décision de prendre leur retraite. Les régimes de retraite des employés ont été touchés, car la pandémie a forcé les travailleurs à se concentrer sur des préoccupations financières immédiates plutôt que sur des économies à long terme, mais pour certains employés – en particulier ceux qui travaillent pour de petites entreprises – l’idée d’une retraite financièrement sûre n’a jamais été une garantie.

L’une des raisons d’investir pour les salariés français est de tirer parti de la puissance de la capitalisation, c’est-à-dire lorsque les gains augmentent au-dessus des autres gains. Dans ce contexte, les placements immobiliers sont les plus privilégiés par les salariés. En effet, les entretiens montrent que les épargnants français ont tendance à investir dans des placements immobiliers.

Les régimes de retraite sont conçus pour croître sur de longues périodes. Les instruments de croissance tels que les actions et l’immobilier forment généralement le noyau des portefeuilles de retraite les plus performants pour les salariés français. D’un point de vue conceptuel, la plupart des gens définiraient un portefeuille de placement de retraite « idéal » comme celui qui leur permet de vivre dans un confort relatif après avoir quitté le monde du travail.

Toutefois, nous constatons qu’un choix rationnel nécessite une compréhension approfondie des risques et avantages potentiels des stratégies d’investissement proposées. Cependant, de nombreuses personnes ne veulent pas ou ne peuvent pas prendre de décisions d’investissement en raison d’un manque de connaissance financière ou de fiscalité. Par conséquent, beaucoup comptent sur les avis de leurs proches pour prendre des décisions dans leur choix d’investissement.

Par ailleurs, ce travail nous a également permis de constater que la structure de l’entreprise n’influence pas forcément les perspectives d’investissement des salariés français. Les choix d’investissement dépendent en effet de l’évolution de leur carrière ainsi que de leurs besoins et projets personnels.

Toutefois, nous considérons que les investisseurs doivent trouver un équilibre entre les risques de perdre leurs revenus et leurs économies et les avantages attendus d’avoir des informations privilégiées sur le type d’investissement choisi. Les points suivants ont également pu être constatés :

  • Les attitudes à l’égard du risque dépendent d’une grande variété de facteurs, notamment l’âge, le revenu et la richesse, le sexe, l’état matrimonial, la personnalité, le niveau d’instruction et le niveau de connaissances et d’expériences financières ;
  • les femmes sont plus réticentes au risque que les hommes dans leurs attitudes et leurs comportements à l’égard des décisions d’investissement. Certaines études soutiennent que des facteurs tels que l’état matrimonial, la richesse et le revenu jouent un rôle plus important que le sexe dans l’explication de ces différentes attitudes face au risque ;
  • Les attitudes face au risque changent avec le temps. La volonté de prendre des risques financiers a tendance à diminuer considérablement chez les personnes à la retraite ou proches de la retraite.

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