La notice est la première étape officielle du mémoire d’expertise comptable. Elle permet de présenter un projet professionnel et conforme aux attentes du jury du DEC (Diplôme d’Expertise Comptable). C’est à travers ce document que le candidat obtient (ou non) l’autorisation de rédiger son mémoire. Le présent article a pour objectif de rappeler les critères attendus par le jury et de proposer des conseils pour éviter le redouté avis 4.3, synonyme de refus du sujet.
Réussir sa demande d’agrément du mémoire d’expertise comptable
La demande d’agrément est une étape obligatoire pour tout candidat au DEC. C’est cette validation du sujet de mémoire qui permet d’accéder à la phase de rédaction et, au final, à la soutenance. Obtenir une mention 4.3 signifie que le sujet est refusé, et le candidat doit alors recommencer entièrement le processus avec un nouveau sujet. Cette situation est particulièrement décourageante et chronophage. Il est de ce fait important d’en relever les causes et de savoir comment l’éviter.
- Comprendre les décisions possibles du jury
Face à une demande d’agrément, le jury peut rendre trois types de décisions :
- 4.1 : Sujet accepté avec ou sans observations. Le candidat est alors autorisé à rédiger son mémoire d’expertise comptable.
- 4.2 : Sujet conservé mais une nouvelle notice doit être déposée avec les modifications demandées.
- 4.3 : Sujet refusé. Le candidat doit changer de sujet.
Le 4.3 est ainsi une décision de rejet total. Cette dernière signifie que le sujet ne répond pas aux critères attendus du DEC. Il est alors interdit de le redéposer en l’état, et il faut en proposer un nouveau. Cette situation représente une perte de plusieurs mois, voire un report de session. D’où l’importance d’en connaître les ressorts.
- Les raisons principales d’un 4.3
- Un sujet hors champ de l’expertise comptable
En premier lieu, le mémoire doit être centré sur une problématique qui relève directement des missions de l’expert-comptable. Un sujet trop éloigné de ces missions, par exemple porté uniquement sur le marketing ou une analyse macroéconomique, sera jugé non pertinent. Le jury veut s’assurer que le sujet proposé est de nature à produire un apport pour la profession. Une simple étude de cas de gestion sans intervention ou conseil de l’expert-comptable ne peut être recevable.
Exemple : un sujet comme « L’impact des réseaux sociaux sur la performance commerciale d’une entreprise » serait considéré comme trop éloigné du champ de l’expertise comptable s’il ne comporte pas une mission d’accompagnement ou un apport métier bien défini.
- Une problématique inexistante ou confuse
Le mémoire doit être basée sur une question précise et professionnelle. Trop souvent, les candidats proposent un simple thème, sans problématique. Or, le manque de clarté ou l’absence de question à résoudre dénature l’objectif du mémoire.
Exemple : au lieu de juste évoquer « La digitalisation des cabinets », il convient de formuler la problématique comme suit : « Comment l’expert-comptable peut-il accompagner un cabinet dans la transition digitale ? ».
- Un plan incohérent ou déséquilibré
Même avec une problématique pertinente, un plan mal construit peut conduire à un refus. Le jury attend un développement logique et équilibré. Un plan avec une partie deux fois plus longue que les autres, des sous-parties mal hiérarchisées, ou des enchaînements peu clairs peuvent mener une évaluation négative.
Exemple : un plan déséquilibré pourrait consacrer 20 pages à la description du secteur et seulement 10 pages à la méthodologie et aux outils proposés par l’expert-comptable, ce qui donnerait une impression de mémoire descriptif plus que pratique.
- L’absence d’apport personnel
Un autre critère d’évaluation important est l’apport personnel du candidat. Il s’agit de montrer en quoi votre mémoire reflète votre expérience, votre réflexion, vos outils. Un mémoire purement théorique, ou qui ne s’appuie pas sur une mission vécue, sera considéré comme insuffisant. Le mémoire n’est pas un rapport universitaire, il s’agit d’un document professionnel.
Exemple : un apport personnel peut être la création d’un tableau de suivi des écarts budgétaires dans une association, ou l’adaptation d’un outil d’évaluation de rentabilité à une activité libérale.
- Un sujet trop personnel ou trop restreint
Certains sujets sont trop liés à une situation unique, à un client particulier, ou à un environnement trop spécifique. Le jury recherche une démarche transposable. Un sujet trop restreint peut en effet donner l’impression d’une étude de cas privée, sans intérêt pour l’ensemble de la profession.
- Comment sécuriser sa notice dès le départ ?
- Bien choisir son sujet
Il est recommandé de choisir un sujet qui est en lien direct avec une mission exercée ou qui peut être réalisée par un expert-comptable. L’idéal est de partir d’une mission vécue en cabinet, avec suffisamment de recul pour en tirer une réflexion. La mission doit présenter un enjeu, une problématique professionnelle, et la possibilité d’y apporter des outils ou une méthodologie.
Exemple : un sujet comme « L’accompagnement d’un cabinet dentaire dans la mise en place d’un reporting de gestion multisites » est tiré d’une mission exercée par l’expert-comptable et présente un enjeu clair de pilotage financier.
- Construire une problématique formalisée
La problématique constitue le fil conducteur du mémoire. Par conséquent, elle doit être :
- Professionnelle : concentrée sur l’intervention de l’expert-comptable ;
- Délimitée ; ni trop large, ni trop étroite ; et
- Orientée solution : l’objectif est d’y répondre avec une méthodologie, un raisonnement, et des outils.
Exemple : une problématique formalisée correspond à la suivante : « Comment l’expert-comptable peut-il accompagner une TPE dans la mise en place d’un contrôle budgétaire adapté à une activité saisonnière ? »
- Élaborer un plan adéquat
Le plan doit suivre une logique d’intervention. Une trame classique en trois parties est conseillée, notamment :
- Partie 1 : Contexte et identification de la problématique
- Partie 2 : Méthodologie d’intervention et outils
- Partie 3 : Mise en œuvre
Chaque partie doit être équilibrée et articulée. Les titres doivent être clairs et refléter une démarche. Un cas « fil rouge » est à prévoir afin d’illustrer la démarche et les outils proposés.
- Mettre en valeur son expérience
Le jury attend une valeur ajoutée personnelle. Les cas illustratifs doivent alors s’appuyer sur des exemples réels, des missions déjà réalisées, des outils créés ou adaptés. Cette approche démontre que le mémoire est fondé sur une réalité de terrain.
Exemple : un candidat qui a participé à la transmission d’un fonds de commerce dans un cadre familial peut organiser son mémoire autour de cette mission en montrant la méthodologie d’intervention mise en œuvre et les outils qu’il a utilisés ou créés.
- Travailler la forme
La qualité de la rédaction est également déterminante : clarté des phrases, absence de fautes, présentation professionnelle. La notice doit être lisible, agréable à parcourir, et conforme aux prescriptions formelles (exemples : normes bibliographiques, pagination).
- Présenter sa notice selon le plan exigé
La demande d’agrément du DEC doit respecter un format précis, fixé par le règlement d’examen. Le non-respect de cette trame est un motif de rejet. Il est ainsi important de bien en connaître la structure.
Le plan type attendu par le jury est le suivant :
I- Notice explicative
1- Raisons du choix du sujet proposé
2- Problématique et objectifs poursuivis
3- Apports recherchés par le candidat
4- Moyens d’atteindre les objectifs
4.1- Liens entre le sujet et l’expérience du candidat
4.2- Entretiens réalisés
5- Limites du sujet
II- Plan synthétique : présenter les parties et les chapitres uniquement.
III- Plan détaillé
IV- Bibliographie : au moins une trentaine de références est nécessaire (textes législatifs et réglementaires, ouvrages, articles, mémoires de DEC, rapports et documents spécialisés, et sites internet).
- Se faire accompagner pour éviter les erreurs
Il est vivement recommandé de se faire relire par un diplômé du DEC, une formateur, un encadreur, ou un membre de l’Association Nationale des Experts-comptables et Commissaires aux comptes Stagiaires (ANECS). Les regards extérieurs permettent précisément de détecter les faiblesses d’un plan, d’une problématique, ou d’un titre. Il existe aussi des ateliers d’accompagnement à la notice, qui permettent d’éviter les erreurs classiques.
- En cas de 4.2 ou de précédent refus
Un 4.2 indique que le sujet peut être conservé, mais que la notice ou le plan doivent être retravaillés. C’est une seconde chance à saisir. Il faut alors reprendre l’avis du jury point par point et retravailler la notice avec méthode. Le passage d’un 4.2 à un 4.1 est très fréquent.
Exemple : un candidat qui a reçu un 4.2 pour un sujet initialement intitulé « Le contrôle interne dans les associations » a pu obtenir un 4.1 en reformulant son sujet ainsi : « L’accompagnement d’une association médico-sociale dans la mise en œuvre d’un contrôle interne adapté à son mode de financement public ».
Quant au 4.3, il oblige à repenser totalement son sujet. Mais il peut aussi être une opportunité pour se recentrer sur une problématique plus adaptée et construire un projet plus solide.
- Dix conseils pratiques pour éviter le 4.3
- Conseil n° 1 : Vérifiez que votre sujet s’inscrit dans une mission de l’expert-comptable.
- Conseil n° 2 : Évitez les sujets trop techniques, trop universitaires, ou hors du champ professionnel.
- Conseil n° 3 : Formulez une problématique précise et orientée action.
- Conseil n° 4 : Élaborer un plan logique et équilibré.
- Conseil n° 5 : Choisissez des intitulés de parties professionnels et cohérents.
- Conseil n° 6 : Mettez en valeur une mission réelle ou vécue.
- Conseil n° 7 : Intégrez des outils, des retours d’expérience, ainsi que des bonnes pratiques.
- Conseil n° 8 : Rédigez votre notice dans un style professionnel et sans faute.
- Conseil n° 9 : Appuyez-vous sur une bibliographie pertinente, récente, et bien référencée.
- Conseil n° 10 : Faites-vous relire et conseiller par une personne expérimentée.
- Bonus : Inspirez-vous des notices validées disponibles dans la base de données de la profession « Bibliotique ». Lire des notices agréées permet de mieux cerner les attentes du jury, de s’inspirer de formulations, et d’éviter certaines erreurs fréquentes de présentation ou de construction.
En conclusion, le 4.3 n’est pas une sanction arbitraire. Il est le reflet d’un sujet mal formulé ou hors champ professionnel. L’éviter, c’est sécuriser son parcours vers le DEC, gagner du temps et mettre toutes les chances de son côté. Un mémoire réussi commence par une notice bien orientée. Avec méthode, relecture et accompagnement, chaque candidat est en mesure de construire un projet solide et obtenir un 4.1 dès la première tentative.
Si vous éprouver des difficultés à valider votre notice d’agrément du DEC, un de nos rédacteurs spécialisés pourra vous apporter l’assistance nécessaire en vue de sa validation.