Un mémoire, selon la définition donnée par le Dictionnaire de l’Académie Française, est une « dissertation d’une certaine ampleur portant sur une question précise dans les domaines scientifique, littéraire, etc. » Constant et Lévy, dans leur ouvrage intitulé « Réussir mémoire, thèse et HDR » paru en 2015, s’accordent avec cette définition en confirmant l’importance du mémoire en étant « un travail personnel de recherche et d’expression écrite puis orale. » Et ajoutent, que « l’épreuve finale de chaque niveau consiste en la rédaction et la soutenance d’un document qui permet de montrer à quel niveau de compétences l’impétrant a pu parvenir » (Constant & Lévy, 2015). En ce sens, un mémoire est le fruit d’un travail personnel de recherche et de rédaction.
D’un autre côté, si nous nous référons toujours aux définitions fournies par le Dictionnaire de l’Académie Française, plagier est l’action « d’emprunter à d’autres auteurs des passages de leurs œuvres, en les donnant pour siens. » Un mémoire contenant du plagiat est un « ouvrage dont certains passages, donnés pour originaux, ont été empruntés à autrui. » Cela nous pousse à se demander s’il y existe un taux de plagiat acceptable dans un mémoire ?
Pour répondre à ce problématique, nous allons reprendre les affirmations dans l’ouvrage qui s’intitule « Le mémoire de master » écrit par Kalika, Mouricou et Garreau en 2023, qui avancent que « le plagiat est l’acte de quelqu’un qui donne pour sien ce qu’il a pris à l’œuvre d’un autre, » et que « le plagiat demeure totalement interdit dans les travaux réalisés dans le cadre d’un mémoire de master comme dans toutes les autres productions académiques et scientifiques. » Ils vont même plus loin en affirmant que le plagiat est considéré comme « une fraude vis-à-vis du système d’enseignement supérieur, » et il est « lourdement sanctionné par la plupart des universités et des écoles » (Kalika, Mouricou & Garreau, 2023). De ce fait, nous pouvons avancer qu’il ne doit pas exister de taux « acceptable » de plagiat dans un mémoire. Certes, si nous faisons une simple recherche sur internet à propos du taux de plagiat qu’une université ou une autre peut accepter, le taux varie, il y a qui disent entre 0 et 1%, d’autres expriment que ce taux peut aller de 5 à 25%. Cette disparité de réponses nous remet à l’évidence que le plagiat n’a aucun intérêt dans une rédaction de mémoire.
De plus, Igalens affirme, dans l’Editorial de la Revue de Management & Innovation parue en 2021, que « l’intégrité scientifique repose sur l’éthique, l’intégrité et la déontologie. » C’est cette intégrité scientifique « qui doit guider chacun d’entre nous lorsque nous conduisons nos travaux de recherche et lorsque nous publions nos résultats » (Igalens, 2019). Coutellec en 2019 avance que l’intégrité scientifique doit être « une démarche normative qui vise à encadrer les bonnes pratiques d’une communauté, en établissant normes et principes » (Coutellec, 2019). Et encore, « l’intégrité scientifique garantit la fiabilité des résultats de la recherche et assure que chaque production est établie selon les meilleurs standards de la démarche scientifique » (Noucher, 2020). L’intégrité scientifique procure donc une valeur et une estime des travaux effectués par l’impétrant. En plus de cela, le travail doté d’une intégrité scientifique montre la qualité des recherches entreprises. L’apport et l’acceptation des fruits des travaux dans le domaine concerné seront facilement acceptés (ou même faire l’objet de critique mais toujours dans le cadre académique).
La rédaction du mémoire doit se faire alors avec « des textes originaux issus d’un travail personnel […] et utilisent aussi, les travaux d’autres chercheurs et d’autres théoriciens ». Car un travail de recherche s’argument toujours sur les précédents travaux, et ces travaux doivent être bien cités. L’impétrant a « le droit et le devoir de reprendre les idées d’autrui et d’échafauder un nouveau raisonnement ou une autre approche » tout en citant correctement l’auteur et les références de l’ouvrage (Constant & Lévy, 2015). Dans le cas contraire, le dictionnaire Le Robert qualifie cet acte de « vol littéraire ». Le plagiat peut porter atteinte à l’image, non seulement de l’impétrant, mais également de son établissement, et ainsi affaiblir la valeur perçue des diplômes qu’il délivre. Et au lieu de définir un taux « acceptable » de plagiat, les institutions académiques doivent plus sensibiliser, informer et former les impétrants dans le référencement de leurs travaux suivant les règles et l’intégrité scientifique.
Pour conclure, la rédaction d’un mémoire est une étape très importante de la vie académique de l’impétrant, « le mémoire a un effet psychique et subjectif : en l’écrivant, l’élève se construit un passé, une mémoire » (Marty & Caparros-Mencacci, 2023). Il décrit alors l’identité et l’accomplissement de l’impétrant ; et il se doit d’être intègre dans sa réalisation. Le plagiat entache la légitimité et la « legacy » que l’impétrant laissera dans son parcours académique, voire au-delà. Il ne devrait donc pas exister un taux « acceptable » de plagiat dans la rédaction d’un mémoire. Certes, le travail de recherche doit toujours s’argumenter sur des recherches antérieures acceptées par la communauté (scientifique, littéraire, etc.), ces argumentations doivent citées explicitement les auteurs et les références des travaux effectués. C’est cette pratique de référencement ajoutée de l’intégrité scientifique qui doit encadrer le travail de mémoire d’un impétrant, afin d’assurer la qualité et la redevabilité de son travail. Et les institutions académiques doivent plus sensibiliser, informer et former les impétrants sur ce point crucial de référencement des travaux antérieurs, au lieu de se dévier dans un terrain difficile à cadrer un taux « acceptable » de plagiat. Dès lors, comment la communauté académique pourra-t-elle imprégner efficacement cette culture d’intégrité scientifique et de référencement des précédents travaux ?
